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Une prise de sang pour diagnostiquer précocement la maladie de Parkinson ?

Un marqueur sanguin de la maladie de Parkinson vient d’être découvert par Sabrina Boulet (GIN) et Florence Fauvelle (IRMaGe-GIN).

Un marqueur sanguin de la maladie de Parkinson vient d’être découvert par des chercheurs de l’Institut des Neurosciences de Grenoble, à partir de plusieurs modèles animaux de la maladie et de cohortes de patients nouvellement diagnostiqués (patients de novo). Ce marqueur permet une détection précoce de la maladie, ce qui devrait avoir un impact majeur dans le futur pour améliorer la prise en charge des patients ainsi que pour développer de nouvelles thérapies.
Cette étude vient d’être publiée dans la revue prestigieuse Journal of Clinical Investigation, et une demande de brevet a été déposée conjointement.

Contexte :
La maladie de Parkinson (MP) est une maladie neurodégénérative qui touche plus de 7 millions de personnes dans le monde et représente un fardeau sanitaire et socio-économique croissant.
Le processus neurodégénératif de la MP débute plusieurs années, voire des décennies, avant que les symptômes cliniques, c’est-à-dire essentiellement les symptômes moteurs bien connus, ne deviennent détectables et ne permettent le diagnostic. A ce stade, 50-60% des neurones dopaminergiques sont détruits, trop tard pour envisager des traitements curatifs. De plus, le diagnostic demande plusieurs années d’évaluations cliniques, ce qui entraine une souffrance psychologique supplémentaire pour le patient. Actuellement, le traitement principalement proposé au patient consiste à pallier le manque de dopamine afin de réduire les symptômes moteurs. Ce traitement reste uniquement symptomatique.
Il est donc primordial de réaliser le diagnostic de la MP le plus tôt possible, et de façon fiable.

Afin de répondre à ce challenge, les chercheurs ont choisi d’utiliser la métabolomique par Résonance Magnétique Nucléaire (RMN). En effet, il est maintenant admis que les maladies sont la résultante de mutations génétiques multiples qui interagissent avec les facteurs environnementaux, les choix de régime nutritionnel et de style de vie, l’activité métabolique du microbiote et les réponses métaboliques du patient lui-même. La métabolomique, qui donne un aperçu instantané de toutes les cascades des évènements moléculaires s’étant produites dans les cellules, est donc un outil de choix pour caractériser un phénotype pathologique.
« Nous avons utilisé la Résonance Magnétique Nucléaire (RMN), explique Florence Fauvelle, chercheur dans l’équipe « Neuroimagerie Fonctionnelle et Perfusion Cérébrale », dirigée par Emmanuel Barbier, car c’est la technique analytique de choix pour les approches métabolomiques en santé : polyvalente, largement automatisable, quantitative, reproductible, facile à utiliser et ne nécessitant pratiquement aucune préparation d'échantillon, elle peut être mise en œuvre à haut débit et à faible coût, ce qui lui confère un grand potentiel pour le transfert en clinique. Un équipement vient d’être installé dans les locaux du CHU Grenoble Alpes et permet d’envisager l’utilisation de cette approche en routine clinique».

Les chercheurs ont mis en place une stratégie de recherche transversale, allant de l’étude de plusieurs modèles animaux de la pathologie, à l’homme.
« Nous avons utilisé 3 modèles animaux complémentaires de la MP, explique Sabrina Boulet, chercheur dans l’équipe « Physiopathologie de la Motivation », dirigée par Sébastien Carnicella. Cette approche a permis de combiner un bon isomorphisme (modèle 6-OHDA), de reproduire une dégénérescence progressive (modèle alpha-synucléine) et de présenter une plus forte homologie avec l’homme que le rongeur (modèle primate non humain MPTP). En parallèle, nous avons obtenu des échantillons sanguins de patients de novo issus d’un centre de recherche américain (NIH) et italien ».

Le biomarqueur développé par les chercheurs permet de classer des patients de novo avec une précision de 82.6 %. En se basant sur la performance observée chez les animaux, les chercheurs pensent qu’il pourrait aussi permettre de prédire le développement de la maladie encore plus précocement, quand les symptômes moteurs ne sont pas encore présents.

Publié le 4 mai 2022

Mis à jour le 4 mai 2022